Page:Marinetti - La Ville charnelle, 1908.djvu/204

Cette page a été validée par deux contributeurs.
194
LA VILLE CHARNELLE

un nonchaloir de fleurs et de nuages reflétés.

L’espoir de rafraîchir l’âcre nausée du Rêve,
— cette blessure inguérissable
et qui ronge nos muscles d’animal —
guida ton âme nostalgique, tel un voilier pensif,
dont les voiles vermeilles et soûles de soleil
roucoulent en quêtant la brise favorable,
de promontoire en promontoire,
en la bonace monotone de l’ennui…
« Par delà les miroirs fallacieux des horizons,
quand verrons-nous s’éclore le golfe d’or
tout pavoisé d’azur, où reposer enfin
la fièvre des antennes et le sanglot des chaînes ?…
Et la mélancolie des soirs adriatiques
vint effeuiller ses roses au creux des voiles noires
et couronner tes mâts d’un diadème d’Étoiles.

Qu’importent les caquets des niveleurs balourds