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À GIOVANNI MARRADI

Ô Poète, ton rêve éblouissant flamba de pourpre
et de riches brocarts, comme un grand oriflamme,
enveloppant d’orgueil Lucrèce Borgia,
dont le corps souple d’amazone
s’abandonne à l’encolure d’un coursier,
qui s’avance à longs pas moelleux
dans l’immense émeraude ensoleillée des plaines.
Parmi l’escorte bariolée de ses prélats,
tout chamarrés et tintinnabulants,
son clair profil épouse l’éventail des feuillages,
et le galop figé des montagnes lointaines.
Et les gourmettes sonnent, monotones,
sur la cadence apprivoisée d’une rivière,
qui traîne en la chaleur fertile de la brise