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DITHYRAMBES

— « Oh ! quels éblouissants Paradis de bonheur
allez-vous donc me découvrir, ô draperies
de feuillages bruissants qui cachez le Tessin ?
Ô Lune convulsée d’un amour impossible,
tends-moi donc ton échelle extravagante et bleue
pour que je puisse m’évader de ce cachot !
Tu vois ! mon génie chante,
éperdument, comme on se noie
en culbutant son corps du haut d’un promontoire.

Liberté, ô condor, ton envergure immense
et noire a l’élastique ampleur des horizons !…
Je sais que ton essor est pareil à mon âme
qui s’enflamme en volant vers un azur plus vaste,
et plus pur, et toujours plus abreuvant encore !…

Tue-moi donc, Liberté, je chanterai ma mort ! »