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LA VILLE CHARNELLE

Il faut descendre vite, et filer dans les champs…
Par quelle échelle ?… Lancez-vous donc
Par la fenêtre !… Mais sur quel matelas ?
Je suis pourtant couché dans la rue, bras ouverts ;
Ne me voyez-vous pas ?…

Vous avez oublié nos promenades bleues !…
Je les appelle ainsi, ces deux soirs émouvants
Où je fus suavement touché
Par la joie de marcher côte à côte avec vous…
Vous m’avez plusieurs fois arrosé d’un sourire
En me montrant l’inconsolable étoile
De votre plus beau rêve,
D’un geste vague, un peu narquois, où j’ai cru voir
Une jolie pudeur effarouchée…
Car vous avez souvent la pudeur d’étouffer
Un grand cri de douleur
Sous la brûlure insupportable du désir…
Mais vous ne brûlez pas pour moi, Orientaline !