Page:Marinetti - La Ville charnelle, 1908.djvu/125

Cette page a été validée par deux contributeurs.
115
LA FOLIE DES MAISONNETTES

Les Maisonnettes prient en pensant autre chose,
et leurs yeux voraces de mendiantes affamées
regardent les montagnes glorieuses
comme de sublimes gâteaux dorés !…
Mais, hélas, elles sont pauvres, si pauvres
que jamais ne mordront les cimes savoureuses.

Par un soir trouble, le vieux Clocher perdit la route…
Il ralentit son pas de bronze,
dont la trace s’efface d’écho en écho…
Il s’affaissa vaincu, tenant sa tête lasse
entre ses mains rugueuses, veinulées de lézards,
et sa barbe de mousse balaya le chemin.

L’azur chantait au loin, au fond de la vallée,
l’azur fleuri d’espoir sur ces désespérées !…

Les mignonnes Maisonnettes descendirent aussitôt
vers la fraîcheur du fleuve,