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LA VILLE CHARNELLE

qui nous venait de l’infini silence…
La brise ne fut plus qu’une caresse éparse
sur la pure émeraude de la mer qui coulait
ainsi qu’une prunelle fondue par la tendresse ;
et ce fut tout autour, au long des bastingages,
la fauve et délirante apparition
des Tritons, sur la mer suffoquée de chaleur.
Ils allaient déchaînant leurs corps de caoutchouc
et de bronze verdâtre dont la musculature
est feutrée de varech et huilée de rayons,
entrelaçant leurs longs phallus, tels des ramures,
s’esclaffant de luxure et de rire insolent
dans le flic-flac empanaché des vagues…
Ce soir-là, nous faillîmes échouer sur la côte…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Prenez garde au sourire enjôleur des Sirènes !… »

Puis les aïeules granitiques se turent,
et, songeant à la vanité de leur sagesse,
au désir éphémère qui renaît dans nos cœurs