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si nous n’avons pleuré en cette vie, bien loin d’éteindre le feu qui nous brûlera, ne serviront qu’à l’enflammer. » Les frères furent si touchés de componction en entendant parler ainsi un homme si saint, et en même temps si humble, qu’ils se mirent tous à pleurer, se prosternèrent contre terre, et dirent : « Vous qui êtes notre père, nous vous conjurons de prier pour nous. »

Il y a apparence qu’il ne vécut pas longtemps après cette visite. Nous avons dit qu’il entreprit, étant encore jeune, de mener la vie ascétique à l’imitation de saint Antoine, auprès d’un village. Il se retira ensuite à l’âge de trente ans au désert de Scété, où il vécut soixante ans : ainsi il mourut l’an de Jésus-Christ 390, étant âgé de quatre-vingt-dix ans.




SAINT ARSÈNE.


Que pouvons-nous dire à la gloire de saint Arsène qui ne soit au-dessous de ses mérites ? Sa vertu fut si éminente, qu’elle l’égala en quelque manière aux anges, et qu’il est très-peu de solitaires qui soient arrivés comme lui à un si haut degré de perfection. Il s’éleva d’autant plus, qu’il eut soin de s’humilier. Lui seul suffit pour mettre en honneur et donner un éclat merveilleux à l’état monastique. Il soutint avec une force supérieure et une invincible patience les combats et les travaux de la vie solitaire. Sa componction fut si vive et si tendre, que les larmes qu’elle faisait couler de ses yeux étaient intarissables ; et, pour tout renfermer en peu de mots, il a donné de si beaux exemples de toutes les vertus religieuses, qu’on ne peut