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jeune solitaire appelé Zacharie de lui dire quel était le devoir d’un moine. Zacharie, étonné, lui dit : « Hélas mon père, vous me demandez cela à moi ? — Oui, mon fils, lui répondit-il, Dieu veut que je l’apprenne de vous. » Alors le jeune solitaire lui dit : « Il me paraît, mon père, que celui-là est véritablement moine, qui se fait violence en tout. »

On rapporte aussi de lui cet acte généreux de charité. Étant venu dans la cellule d’un ermite qui était malade et qui n’avait quoi que ce soit, il lui demanda ce qu’il souhaitait de manger. Le frère lui dit qu’il eût bien voulu avoir quelque petit gâteau. Il courut aussitôt à Alexandrie pour lui en apporter, et il en revint avec tant de diligence, quoiqu’il n’y eût pas moins de trente lieues à faire, comme nous l’avons dit au commencement de ce chapitre, qu’on le regarda comme un miracle.

Il agissait avec les frères avec tant de candeur et de simplicité, que quelques-uns lui en firent des reproches dans une rencontre ; mais il leur répondit : « J’ai demandé instamment cette grâce à Dieu pendant douze ans, pourquoi voudriez-vous m’y faire renoncer ? »

L’intrépidité de saint Macaire vis-à-vis des esprits malins était admirable. Elle prouve la grandeur de sa foi et de sa confiance en Jésus-Christ, qui a triomphé de l’enfer, et a lié par sa passion le prince des ténèbres.

Dieu l’avait aussi favorisé du don de prophétie. Il avait prédit la décadence de l’état monastique dans le désert de Scété, et cette prophétie ne fut que trop justifiée par l’événement. Il avait deux disciples, dont l’un demeurait dans une cellule séparée, et l’autre, nommé Jean, était auprès de lui pour le servir dans son grand âge, ou pour rendre à ceux qui le venaient voir le devoir de l’hospitalité. Le Seigneur l’éclairant