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déchargé et eût rendu au saint tout ce qu’il lui avait pris.

Il avait environ trente ans lorsqu’il se retira à Scété, et en vécut encore soixante dans les travaux de la mortification religieuse. On peut conclure par ce que nous avons dit de ce désert, qu’il n’y chercha qu’à se dérober à la vue des créatures, et à s’immoler entièrement à Dieu par la vie la plus austère. Probablement il ne fut pas le premier qui s’y retira, puisqu’il est dit que saint Macaire d’Alexandrie y avait déjà bâti un monastère. Cela n’a pas empêché Cassien d’assurer que saint Macaire d’Égypte a été le premier qui ait trouvé cette solitude, et il est considéré généralement comme l’instituteur des solitaires dans ce quartier ; au lieu que l’autre Macaire est regardé comme le chef de ceux qui demeuraient au désert des Cellules. Nous devons ajouter que celui dont nous parlons est appelé l’Ancien, quoiqu’il fût contemporain de l’autre. Il était apparemment plus âgé, mais la différence n’était pas considérable. Il est aussi appelé le grand Macaire, quoiqu’on donne quelquefois le même titre à tous les deux.

Ce saint, étant donc établi dans ce nouveau désert, s’appliqua avec d’autant plus d’ardeur aux rudes travaux de la vie monastique, qu’étant dans l’impétuosité de sa jeunesse, il se sentait plus de force pour les soutenir. Il s’éleva par là à un très-haut degré de discrétion et de sagesse, en sorte qu’on l’appelait le jeune vieillard, ayant avancé dans la vertu au-dessus de son âge. Sa grande réputation attirait déjà un nombre considérable de solitaires dans son désert, lorsque, pour profiter davantage tant pour lui-même que pour eux, il alla voir saint Antoine, dont la montagne était à quinze journées de là. Le saint, l’entendant frapper à sa porte, ouvrit, et lui demanda qui il était. Il répondit qu’il était Macaire, et aussitôt le