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à vivre selon la sainteté de leur état ; s’étant muni du signe de la croix, et voyant avec un excès de joie un ange de lumière qui venait à lui, il rendit son âme à Dieu, le 9 mai de l’année 348, qui était la cinquante-septième de son âge et la trente-cinquième depuis sa retraite.

On enterra son corps le lendemain sur la montagne voisine du monastère, d’où son disciple Théodore, aidé de quelques frères, le transporta secrètement dans un autre lieu, croyant qu’il l’avait ainsi ordonné.




SAINT MACAIRE L’ANCIEN.


Le désert de Scété, qu’on a regardé comme hors de l’Égypte, et que quelques auteurs croient être le même que la Libye, était éloigné de trente lieues ou environ d’Alexandrie, du côté du midi. C’était une très-vaste solitude où l’on ne pouvait pénétrer sans un grand danger de s’égarer, parce qu’il n’y avait aucun sentier qui y conduisît, et qu’on ne se guidait, en y allant, qu’en observant le cours des astres, ce que peu de gens étaient en état de faire. Il n’y avait dans ce lieu aucune consolation pour les sens. On y trouvait même rarement de l’eau, et lorsqu’on en rencontrait, elle était de mauvaise odeur, sentant comme le bitume ; mais le goût n’en était pas aussi désagréable que l’odeur. L’endroit qui pouvait être le moins affreux était un marécage ; mais, s’il présentait quelque commodité, il était plein de moucherons et de cousins dont l’aiguillon était très-fort. Ce fut dans ce terrible désert que l’esprit de retraite et de péni-