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Toutefois le Seigneur voulut, vers la fin de ses jours, consommer sa vertu par l’humiliation, et permit qu’il eût une fâcheuse traverse à souffrir au sujet de ces mêmes grâces qui lui avaient concilié l’estime et la vénération de tant de peuples. Comme on en parlait souvent dans le monde avec admiration, quelques personnes malintentionnées en prirent occasion de murmurer contre lui, révoquant en doute ces grâces et ces dons merveilleux dont Dieu le favori sait, et voulant faire croire qu’il était trompé ou qu’il trompait les autres. Cela fut cause qu’on l’appela comme en jugement dans une assemblée d’évêques et de moines qui se tint à Latople, où il se rendit avec quelques-uns de ses religieux. Il s’y tint dans un modeste silence jusqu’à ce qu’on l’interrogeât ; on le fit avec beaucoup de sévérité et fort peu de ménagement pour son excellent mérite, quoique tous les évêques fussent orthodoxes, et que deux d’entre eux, Philon et Morbe, eussent été ses disciples. Mais quand il lui fut permis de répondre, il le fit de manière à faire admirer son humilité, sa sagesse et l’excellence de sa grâce. Cela n’empêcha pas qu’un homme du monde qui se trouvait présent, aveuglé par ses préventions et poussé par le malin esprit, ne se jetât sur lui l’épée à la main ; et il lui eût ôté la vie si ceux qui étaient présents ne l’eussent retenu. Après cela, le saint se retira avec ses religieux qui l’avaient accompagné, et s’en alla à son monastère de Pachnum, qui était dans le territoire de Latople.

Cependant, le carême étant passé, une maladie contagieuse se répandit dans ses monastères, où en peu de temps elle emporta plus de cent religieux, dont plusieurs étaient des principaux de l’ordre, comme Sur, Corneille, Paphnuce et beaucoup d’autres d’un grand mérite. Pacôme fut lui-même atteint du mal, et souffrit extrêmement pendant quarante