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Il en fonda dans la suite cinq autres, outre celui des religieuses ; et l’on ne peut se figurer la sagesse, le zèle, la charité et l’application avec lesquels il gouvernait cette multitude. Aussi voyait-on la plupart de ses disciples faire de merveilleux progrès. Lorsqu’il éprouvait le chagrin de rencontrer quelques esprits indociles ou difficiles, il montrait une douceur et une condescendance sans exemple, et recourait à l’oraison, qui était, dans toutes les difficultés, sa ressource ordinaire.

Comme l’obéissance est le plus ferme soutien de la religion et la sûreté des âmes religieuses, Pacôme ne recommandait rien tant à ses frères que cette vertu, et ne souffrait guère qu’on y manquât impunément. Son désintéressement était tel, que, dans un temps de famine, où l’on trouvait difficilement du blé en Égypte, comme il avait donné cent pièces d’or au procureur pour aller en acheter, celui-ci en obtint, en considération du saint, le double de ce qu’il devait en avoir. Pacôme ne voulut pas qu’il entrât un grain de ce blé dans le monastère ; il obligea le frère à le vendre au prix qu’il lui coûtait, et l’envoya en acheter pour cent pièces au prix qu’il coûtait à tout le monde.

Ce dégagement des choses de la terre était fondé sur la confiance où il était que la Providence prendrait un soin tout particulier de ses religieux tant qu’ils seraient fidèles à son service ; aussi éprouva-t-il, même par des miracles, que son espérance était bien fondée.

Son zèle pour le maintien de l’observance et la perfection de ses religieux ne lui donnait point de relâche. Outre les fréquentes visites de ses monastères, il visitait souvent les religieux en particulier dans leur cellule, pour voir ce qu’ils y faisaient ou quels étaient leurs besoins. Ce fut dans une de ces visites que Dieu lui accorda le don des langues, pour lui permettre