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en elle-même, et ne forme pour cela dans son esprit quelque image qui ait du rapport à une figure corporelle. »

Que l’on ne s’imagine nulle forme en Dieu, ni aucunes limites qui le bornent ; mais qu’on le conçoive comme un pur esprit qui peut bien se faire sentir et pénétrer les affections de nos âmes, mais non pas être compris, être limité, être représenté par des paroles ; ce qui fait que nous ne devons approcher de lui qu’avec un profond respect et une très-grande crainte, ni le considérer, par nos regards intérieurs, que d’une manière telle que notre âme sache qu’il est infiniment élevé au-dessus de toute la splendeur, de toute la lumière, de tout l’éclat, de toute la majesté qu’elle est capable de concevoir, quand même elle serait toute pure et exempte de toutes les taches et souillures de la volonté corrompue.

Après que le saint a ainsi parlé de la contemplation, il vient aux grâces extraordinaires que Dieu y accorde quelquefois à l’âme, telles que la sainte familiarité dont il l’honore, les mystères et les secrets qu’il lui révèle, les apparitions des esprits bienheureux.

On voit, dans ces paroles du saint, clairement et solidement établi ce que les maîtres de la vie spirituelle des temps postérieurs ont dit plus en détail de l’oraison surnaturelle, et des grâces extraordinaires dont Dieu a quelquefois favorisé ses serviteurs fidèles ; de sorte que ceux qui osent contredire ces dons merveilleux dans les saints nouveaux, comme si l’on n’en trouvait pas des exemples dans les anciens, font voir qu’ils n’ont ni lu les actes de ceux-ci avec attention, ni assez étudié leur doctrine spirituelle.

Pour revenir au discours du saint, quoiqu’il fît grand cas de ces dons et de ces faveurs éminentes, il savait que ce n’est pas ce qu’il y a d’essentiel dans la