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se grave bien plus profondément dans l’esprit que ce qu’on ne sait que par ouï-dire.

Il leur fit alors ce long discours dont Rufin dit qu’il ne rapporte qu’une partie, mais qui renferme une excellente morale et des maximes très-intéressantes sur la vie spirituelle. Pour en donner ici le précis, on peut réduire tout ce qu’il dit à deux chefs : savoir, ce que les solitaires doivent éviter et réformer dans eux, et ce qu’ils doivent s’efforcer d’acquérir.

Quant au premier, il recommanda aux solitaires de ne pas se contenter de renoncer de bouche ou extérieurement au démon, nommé le prince du siècle, mais de le faire aussi intérieurement et réellement en corrigeant leurs vices, en domptant leurs passions, en mortifiant leurs sens, en réprimant leurs affections déréglées, en se purifiant de plus en plus de leurs défauts et de leurs imperfections.

Un des principaux vices qu’il recommande de détruire est celui de la vanité. Il avertit Rufin et ses compagnons de prendre garde qu’il ne se glissât même dans le dessein qu’ils avaient eu en le venant voir, et ne les portât à s’élever à leur tour au-dessus des autres, pour avoir vu ce que les autres n’auraient appris que sur le rapport d’autrui.

Il dit que la vanité est un si dangereux vice, qu’elle est capable de faire tomber les âmes du comble de la perfection ; qu’elle attaque également, et ceux qui commencent, et ceux qui sont bien avancés : les premiers, en leur faisant croire, pour quelques pénitences ou quelques œuvres de charité qu’ils ont faites, qu’ils sont déjà parfaits ; les seconds, en leur faisant attribuer une partie de leurs progrès à leurs travaux et à leur zèle, au lieu d’en rapporter tout l’honneur à Dieu.

De la vanité il passe en général aux autres vices, et exhorte les solitaires à les combattre courageusement.