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à ce parfait dégagement des honneurs du siècle. Dieu prenait plaisir à le rendre célèbre par des prodiges sans nombre. Tout le monde, les grands, les petits, les savants, les simples le recherchaient, l’admiraient et le respectaient souverainement. Les plus saints personnages de son temps, saint Athanase, saint Pacôme, saint Ammon de Nitrie, saint Hilarion et tant d’autres étaient ou ses élèves, ou unis à lui par la plus tendre charité ; et, parmi tant de marques de distinction, il ne s’éleva jamais dans son cœur par aucun sentiment de vaine complaisance ; il ne montra jamais d’empressement pour le commerce des hommes, et fut toujours plus doux, plus affable, plus bienfaisant, et surtout plus humble.

Il respectait singulièrement tous les ecclésiastiques, jusqu’aux moindres clercs. Il baissait humblement la tête devant les évêques et les prêtres pour demander leur bénédiction. Si quelqu’un d’eux le venait voir pour quelque chose dont il eût besoin, après avoir fait ce qu’il désirait de lui, il le priait de l’instruire des choses spirituelles, ne dédaignant pas d’apprendre, et avouant que ces instructions lui étaient très-utiles.

Sa patience était inaltérable ; la paix de son âme paraissait sur son visage par une douce sérénité, et une grâce merveilleuse qui faisait que ceux qui ne l’avaient jamais vu le reconnaissaient au premier abord, et l’eussent aisément distingué des autres frères lorsqu’il était dans leur compagnie.

Son zèle n’avait rien d’amer, et il inclinait toujours pour l’indulgence lorsqu’il pouvait espérer quelque amendement.

Un solitaire du monastère de l’abbé Élie, en ayant été chassé pour une faute qu’il avait commise, recourut au saint, qui le garda quelque temps auprès de lui et le renvoya ensuite au monastère. Mais, bien loin de le recevoir, les religieux le chassèrent de nouveau, et il