Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/28

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

leur moyen, ce qu’il n’avait pu lui-même obtenir, se regardant comme bien inférieur à leur mérite, et s’étonnant qu’on vînt le trouver tandis qu’on pouvait s’adresser à eux.

Sa solitude n’était pas seulement un lieu de prodiges, elle était une montagne de visions par les fréquentes révélations dont Dieu l’y favorisait. Il apprit par cette voie que de deux solitaires qui le venaient voir, l’un était mort de soif dans la route, et l’autre allait périr de même, s’il ne se fût hâté de lui envoyer ses disciples pour le secourir. Il vit aussi l’âme de saint Ammon de Nitrie monter au ciel, et connut par là le moment de sa mort ; ce qui fut vérifié un mois après par deux solitaires venant de Nitrie, où ce saint demeurait.

D’autres fois Dieu l’instruisait lui-même sur les vertus par des visions particulières dont il se servit également pour l’édification de ses frères.

Pour le confirmer dans l’humilité, si nécessaire à un homme élevé comme il l’était par des dons si merveilleux, Dieu lui manifestait quelquefois l’éminente vertu de quelques saints personnages qu’il avait conservés jusqu’alors inconnus au reste des hommes. C’est ainsi qu’il lui révéla le mérite de saint Paul, premier ermite, et celui d’un corroyeur d’Alexandrie, dont la principale pratique était de se dire tous les matins à soi-même dans les sentiments d’une sincère humilité : « Tous les habitants de cette ville font leur devoir et travaillent à gagner le ciel, et moi seul je mérite l’enfer à cause de mes péchés. »

On peut voir dans le Recueil des Vies des Pères des déserts d’autres exemples de cette nature. Mais nous devons surtout citer la célèbre vision qu’il eut des maux que les ariens devaient commettre après sa mort dans Alexandrie, vision rapportée par saint Athanase et saint Jean Chrysostome, et avouée de toute l’antiquité.