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réprimer la colère, modérer les ris, veiller sur sa langue, assujettir le corps à l’esprit, etc. Si l’éloquence qu’il employait dans ses discours était le fruit des études qu’il avait faites des auteurs profanes, il l’avait ennoblie par la lecture des livres sacrés, et, comme il dit, par le bois vivifiant, qui est celui de la croix.

On accourait en foule pour l’écouter, et l’on forçait même quelquefois les balustres du chœur pour l’entendre de plus près. Il n’y eut point d’hérétiques, de quelque secte qu’ils fussent, ni même de païens, qui ne vinssent l’écouter avec plaisir, les uns pour apprendre sa doctrine, les autres attirés, par son éloquence ; et enfin il était écouté avec une admiration universelle.

Mais la prédication la plus efficace était celle de son exemple. On le voyait très-rarement dans les places publiques ; il ne s’arrêtait pas à discourir indifféremment avec toutes sortes de personnes, sa conversation était grave et sérieuse. Quoiqu’il ne manquât pas de personnes qui le priassent d’aller chez eux, il aimait mieux leur déplaire en les refusant qu’en usant librement de leurs offres. Il retranchait toute visite inutile, et demeurait ordinairement chez lui, n’ayant d’autre conversation qu’avec lui-même. C’est là qu’il passait les nuits ou à converser seul à seul avec Jésus-Christ, ou à chanter des psaumes et des cantiques alternativement avec d’autres. Il mettait aussi sa joie à se prosterner devant Dieu et à arroser en sa présence son visage de ses larmes. Il macérait son corps par ses austérités ; et dans l’oblation du sacrifice auguste de nos autels, il s’offrait lui-même à Dieu en s’unissant à Jésus-Christ.

Ce qui lui gagna aussi beaucoup l’affection du peuple de Constantinople, c’est qu’on ne remarquait en lui ni précipitation, ni importunité, ni violence, ni