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avec le zèle qu’on pouvait se promettre de sa piété ; et enfin, l’an 374, il perdit son père, qui avait vécu près de cent ans, et presque en même temps sainte Nonne, sa mère, qui n’était pas moins âgée. Quoiqu’il fût dans le dessein de retourner dans la solitude aussitôt après leur mort, l’importunité de beaucoup de gens, et en particulier de Bosphore, évêque de Colonie, l’emporta encore une fois sur sa résolution. Mais il ne consentit à gouverner l’Église de Nazianze que comme un étranger et non comme titulaire, ce qui n’était pas sans exemple, en attendant que les évêques eussent donné un pasteur à ce troupeau, comme il les en suppliait instamment.

Enfin, après les avoir pressés pendant près de trois ans, donnant pour raison que les incommodités le rendaient incapable de s’acquitter de ses fonctions, comme il le croyait, car il avait été très-dangereusement malade ; voyant que ses sollicitations étaient sans effet, il se retira inopinément en Séleucie, et il ne paraît pas que Nazianze ait eu depuis aucun évêque jusqu’en 381, quand le saint y retourna après le concile de Constantinople, comme nous le dirons bientôt. Séleucie était métropole de l’Isaurie ; les reliques de l’illustre sainte Thècle y étaient conservées religieusement dans une église de son nom, d’où vient que le saint l’appelle Séleucie de sainte Thècle. Il y demeura assez longtemps, et apparemment jusqu’en 379. Ce fut là qu’ayant abandonné la gloire, les biens, les espérances du monde, la science même, se contentant pour toute nourriture d’un peu de pain, il tâchait de s’élever au-dessus des choses visibles pour ne s’occuper que de la contemplation des choses célestes, et qu’il goûtait les délices innocentes d’une vie éloignée des troubles du siècle. Il ne laissa pourtant pas d’y trouver la croix, soit par les attaques