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faisait à Basile, l’assurant que Basile de son côté ne manquerait pas de le satisfaire. Il amena enfin Eusèbe à la réconciliation avec ce saint, et ayant été envoyé vers lui de sa part pour se rendre au plus tôt à Césarée, il consomma cette paix que toute la ville désirait avec empressement.

Elle ne pouvait être plus nécessaire à cette Église que dans ce temps-là ; car Jovien ayant peu vécu, et Valens, grand fauteur des ariens, lui ayant succédé, les hérétiques osèrent tout sous la protection de ce prince, et entrèrent en nombre dans Césarée pour y répandre le trouble et leurs erreurs ; mais saint Basile les y combattit avec tant de courage, de force et de sagesse, que Valens et les évêques ariens qui étaient venus avec lui à Césarée, furent obligés de se retirer sans avoir rien pu gagner pour leur secte, et ils ne remportèrent de leur entreprise que la honte d’avoir succombé sous le zèle de Basile.

Ceci se passa vers l’an 366, après que notre saint eut demeuré trois ans dans sa retraite du Pont. On ne saurait exprimer tous les biens qu’il fit dans Césarée depuis la défaite et la fuite des hérétiques. Son soin fut d’abord de ménager avec tant de sagesse l’esprit d’Eusèbe, qu’il en effaça toute sorte de méfiance et de soupçons. Il était continuellement auprès de lui ; il l’instruisait, lui obéissait, l’avertissait ; il lui rendait enfin tous les services d’un excellent conseiller, d’un assistant toujours prêt au besoin, d’un interprète des divins oracles : de sorte qu’on pouvait dire que de tous les ministres que l’évêque employait, Basile était le plus fidèle et le plus propre à exécuter toutes choses. Cela suffira pour ce que nous pourrions dire de sa conduite dans Césarée, parce qu’un plus grand détail nous écarterait de notre principal objet, qui est de parler du rapport que les actions de ce grand saint ont avec l’histoire monastique.