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dans la Cappadoce ; ce qu’on peut voir au long dans l’Histoire ecclésiastique : il suffit de dire ici que, quelques promesses que Julien leur fît pour se les attirer, et de quelques menaces qu’il usât ensuite, ils méprisèrent souverainement et son amitié et son indignation, et que ce prince, qui redoutait leur érudition et leur éloquence comme un des plus grands obstacles au dessein qu’il avait de rétablir l’idolâtrie sur les ruines du christianisme, se proposa enfin de les immoler des premiers aux démons à son retour de la guerre de Perse, comme les plus belles victimes qu’il pût leur offrir. Mais Dieu y pourvut par sa mort, qui arriva l’an d’après, comme tout le monde sait.

Elle fut, cette mort, une espèce de triomphe pour saint Basile, à qui Dieu la fit connaître au milieu de ses prières au même moment qu’elle arriva. Mais en même temps Dieu permit que sa patience fût exercée par une espèce de persécution à laquelle il devait d’autant moins s’attendre, qu’elle lui vint de la part d’Eusèbe, son nouvel évêque ; car qui devait, en effet, être plus uni à lui par toute sorte de raisons que ce prélat ? Mais, comme dit saint Grégoire de Nazianze, il se ressentit contre lui de la faiblesse humaine, et l’on conjecture que la gloire que saint Basile s’acquérait toujours plus par ses talents et par ses vertus, et que l’amour extrême que la ville de Césarée avait pour lui, blessèrent ses yeux et lui donnèrent des sentiments de jalousie.

Il les manifesta par la manière injurieuse dont il le traita en plus d’une rencontre, et par là il irrita contre lui ce qu’il y avait de plus saint et de plus sage dans son Église, les moines en particulier, qui ne purent souffrir qu’on maltraitât ainsi un homme qui faisait tant d’honneur à leur profession. Enfin la chose alla si loin, que le saint, craignant quelque division entre le pasteur et les ouailles, prit le parti