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saint Grégoire de Nazianze, ce qui peut signifier qu’il enseigna la rhétorique, non point par ostentation, mais pour satisfaire au désir de ses concitoyens. Mais sa sœur sainte Macrine, ajoutant ses avis aux mouvements intérieurs qu’il avait de renoncer tout à fait au monde, acheva de l’y déterminer. Il commença donc, dit saint Grégoire de Nazianze, à vivre pour lui-même, à devenir homme, d’enfant qu’il était auparavant, et à faire des efforts plus généreux pour s’élever à la divine philosophie. Il méprisa, dit aussi saint Grégoire de Nysse, tout le vain éclat d’une science profane, et aima mieux embrasser une vie humble, comme Moïse avait préféré les Hébreux aux trésors des Égyptiens.

Mais il faut entendre saint Basile décrire lui-même en ces termes l’état où il se trouvait alors. « Après avoir, dit-il, donné beaucoup de temps à la vanité, et avoir employé presque toute ma jeunesse pour acquérir par un long et inutile travail les sciences de cette sagesse réprouvée de Dieu, je me réveillai enfin comme d’un profond sommeil. Dans cet état je désirais un guide qui me conduisit et me fit entrer dans les principes de la piété. Mon plus grand soin fut de réformer mes mœurs. Je lus donc l’Évangile, et je remarquai qu’il n’y a pas de moyen plus propre pour arriver à la perfection que de vendre son bien, d’en faire part à ceux de nos frères qui sont pauvres, de se dégager de tous les soins de cette vie, de telle sorte que l’âme ne se laisse troubler par aucune attache aux choses présentes.

Saint Grégoire, qui avait différé de recevoir le saint baptême jusqu’à son retour dans son pays, entreprit, après l’avoir reçu, la même perfection qu’il avait voulu inspirer à son ami. Il se donna dès lors à Dieu d’une façon à ne vouloir posséder que lui seul. Il méprisa absolument les richesses, la noblesse, la réputation, la puissance et toutes les voluptés basses