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beaucoup, et celui qui nous menait chez nos maîtres de littérature, que nous estimions moins ; nous laissions aux autres la voie qui conduisait aux fêtes profanes, aux spectacles, aux assemblées et aux festins, car on ne doit faire cas que de ce qui contribue à bien régler la vie. Il y en a qui prennent des noms, ou de leurs parents, ou selon leurs inclinations ; mais nous mettions notre gloire à être appelés chrétiens et à l’être véritablement. »

C’est ainsi que parle saint Grégoire, et nous avons cru devoir rapporter leur conduite si édifiante dans le cours de leurs études, pour la présenter comme un modèle aux écoliers, sans qu’ils puissent s’excuser sur leur jeunesse, ni sur les mauvais exemples, puisque ces saints étaient alors dans un âge où les passions se font sentir quelquefois fortement, et que dans la ville où ils étudiaient il ne manquait pas d’écoliers libertins qui, en cultivant leur esprit par les sciences, abandonnaient malheureusement leur cœur à leurs mauvais penchants.

Julien, depuis empereur et apostat, vint à Athènes pendant que les deux saints y étudiaient. Ils reconnurent bientôt les mauvais sentiments qu’il avait dans l’âme, quoiqu’il n’osât pas les manifester. Ce qui fit dire avec douleur à saint Grégoire : « Oh ! que l’empire romain nourrit un grand mal en la personne de ce jeune homme ! Plût à Dieu qu’en cela je fusse un faux prophète ! » Ils demeurèrent peu dans cette ville après l’arrivée de ce prince, et saint Basile en partit le premier, vers l’an 355, malgré les efforts qu’on fit pour le retenir. Saint Grégoire le suivit bientôt après. Ils furent l’un et l’autre à Constantinople, et se réunirent enfin dans la Cappadoce.

Saint Basile avait perdu son père ; étant arrivé à Césarée sa patrie, il donna quelque chose à l’air du monde et à la scène du siècle, selon l’expression de