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Saint Jérôme fait, en suite de ce prodige, une longue énumération de plusieurs autres que le saint opéra en diverses rencontres, et cite les nombreux possédés qu’il délivra. Il dit aussi que Dieu rendit Hilarion si célèbre, que saint Antoine le Grand, ayant appris quelle était la sainteté de sa vie et l’éclat de ses miracles, lui écrivit plusieurs lettres et recevait les siennes avec beaucoup de consolations ; aussi lorsque quelqu’un venait à lui des différents quartiers de la Syrie pour être guéri par ses prières de quelque maladie, ou délivré des malins esprits, il leur disait : « Pourquoi venez-vous de si loin et avec tant de fatigues et de peines, ayant chez vous mon fils Hilarion ? »

Ces guérisons miraculeuses ne produisirent pas seulement de merveilleux effets sur les corps, elles en opérèrent de plus admirables dans les âmes, par les impressions qu’elles firent sur les esprits et sur les cœurs des peuples de la Palestine et des pays voisins. À l’exemple du saint, on bâtit de toutes parts des monastères, et une multitude prodigieuse de solitaires qui s’y formèrent se rangea sous sa conduite. Il en rendit à Dieu des actions de grâces avec un cœur plein de zèle et d’ardeur pour sa gloire, et il exhortait puissamment chacun en particulier à ne pas recevoir en vain la grâce du Seigneur : « Car, disait-il, la figure de ce monde passe, et la véritable vie est celle que nous pouvons acquérir dans le ciel par les travaux de la pénitence que nous embrassons dans celle-ci. »

Pour leur donner des exemples d’humilité et de charité, il les visitait tous les ans un peu avant la vendange, parcourant leurs cellules les unes après les autres, sans en oublier aucune, parce que toutes les âmes lui étaient également chères ; ce qui étant su des solitaires, dès le commencement, ils se joignaient à lui en grand nombre pour l’accompagner dans cette