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sans savoir quelle est ma croyance. Que si on vous a fait quelques mauvais rapports de moi, je suis prêt à vous faire une déclaration de foi, à laquelle vous devez plutôt vous tenir qu’à ce que des calomniateurs ont pu vous dire.

— Je sais, répliqua Moïse, je sais, Luce, quelle est votre foi ; elle m’est assez connue par les évêques, les prêtres et les diacres que vous avez envoyés en exil et condamnés aux mines. Pensez-vous donc qu’on puisse ignorer ces vexations ? Et y trouverez-vous les caractères de Jésus-Christ et de ceux qui font profession de la foi orthodoxe ? »

Le détestable Luce ne l’entendit qu’avec un étrange dépit. Il aurait voulu le tuer sur l’heure s’il avait pu suivre la fureur dont il se sentit transporté ; mais il fut contraint de subir toute la honte qu’il méritait, et de consentir, par la nécessité des affaires de l’Etat, de peur de rallumer la guerre des Sarrasins, qu’on le conduisît chez les évêques qu’il avait exilés, pour être sacré par eux, ainsi qu’il l’avait demandé.

Après que Moïse eut été sacré par les évêques confesseurs de Jésus-Christ, il prit soin des Sarrasins, que le Seigneur lui avait confiés. Il trouva parmi eux peu de chrétiens ; mais il en convertit un très-grand nombre par ses instructions et par ses miracles. Il conserva toujours la pureté de la foi, et maintint sa nation en paix avec les Romains.

Quant à la reine Marie, elle demeura toujours unie avec eux depuis l’ordination de Moïse, et envoya même du secours à Valens contre les Goths, dont il se servit très-avantageusement, et après sa mort lorsqu’ils assiégèrent Constantinople. Elle cimenta de plus son union avec les Romains en donnant sa fille en mariage à Victor, leur général, dont Théodoret et Nicéphore louent beaucoup la pureté de la foi. Tels furent les fruits de l’élection de saint Moïse, je veux dire la conversion