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Ce fut dans un monastère de Palestine, à Bethléem, qu’il reçut avec l’abbé Germain les premiers éléments de la vie religieuse. Cet abbé Germain était son proche parent, ou, ce qui est plus certain, ils étaient du même pays. La charité les unit plus que le sang, et leur inclination pour la vertu les lia si étroitement, qu’on disait d’eux qu’ils n’étaient qu’une âme en deux corps ; mais surtout l’excellente conduite qu’ils gardaient l’un et l’autre dans le monastère les rendit extrêmement chers à leurs supérieurs et aux autres religieux.

Tandis qu’ils s’exerçaient ainsi avec ferveur dans les devoirs de leur état, l’abbé Pinufe, qui gouvernait un grand monastère auprès de Panéphyse en Égypte, s’étant retiré secrètement pour mener une vie plus cachée, vint dans le leur, où il espérait de n’être pas connu, et fut logé dans leur cellule. Mais ayant été bientôt découvert et obligé d’aller reprendre le gouvernement de ses religieux, cela leur fit naître la pensée de faire le voyage d’Égypte, dans le dessein de voir par eux-mêmes la vie que menaient les cénobites et les anachorètes qui y étaient en grand nombre, et de pénétrer même dans les déserts les plus reculés de la Thébaïde et de Scété. Cassien pouvait avoir alors vingt-cinq à trente ans, et Germain était un peu plus âgé.

Ils ne purent exécuter ce projet sans la permission de leur supérieur, qui s’y opposa d’abord, ainsi que les religieux du monastère, parce qu’ils les chérissaient tendrement à cause de leur vertu. Ils y consentirent enfin, à condition qu’ils reviendraient le plus tôt qu’il leur serait possible ; ce qu’ils n’osèrent refuser de peur de les attrister, et ils en donnèrent leur parole en présence de tous les frères, devant Jésus-Christ, qui en fut témoin, et dans la caverne même où il avait pris naissance, dans l’espérance, comme dit ensuite