Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/104

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fâcheuse rencontre, et, étant près de sa cellule, l’entendirent qui disait en criant : « Seigneur, venez à mon secours, et ne m’abandonnez pas. Il est vrai que je n’ai rien fait jusqu’à présent qui puisse vous être agréable ; mais accordez-moi, par votre bonté infinie, la grâce de jeter de bons fondements et de commencer à bien vivre. »

Telles étaient donc les vertus du grand Arsène. Il ne faut pas s’étonner si le démon en était jaloux et s’il déployait pour cela contre lui sa rage, autant que Dieu lui en laissait le pouvoir, pour épurer davantage son serviteur et accroître ses mérites ; et son exemple, comme celui de tant d’autres saints, doit servir également de modèle et de consolation aux âmes timorées, à qui l’esprit de ténèbres livre de violents combats. Alors l’humilité, la confiance en Dieu et le recours à sa bonté doivent leur servir de défense.

Mais ce ne fut pas seulement par la tentation des malins esprits que Dieu éprouva saint Arsène. À peine s’était-il retiré dans le désert, qu’il y fut troublé par l’irruption des Maziques, et obligé de s’enfuir pour quelque temps, comme plusieurs autres.

Dans cette incursion, qui arriva vers l’an 395, ils tuèrent plusieurs solitaires de Scété. Saint Arsène se déroba à leur fureur avec ceux qui purent échapper. Nous ne savons pas où il se retira alors. Ce fut peut-être à Troé, appelé autrement Pétra ou la Roche-de-Troé, près de Memphis, d’où il alla à Canope ; mais il n’y resta pas longtemps, car, les barbares s’étant retirés, il retourna à Scété.

Les Maziques firent une seconde irruption dans le désert de Scété, environ vers l’an 434, et il fut obligé de s’enfuir une seconde fois pour éviter de tomber entre leurs mains. Il y avait quarante ans qu’il demeurait dans ce désert. En partant il répandit des larmes, et dit : « La trop grande multitude de peuple a causé la