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voilà pourquoi je n’ai jamais songé à m’imposer rien de pareil. »

Peut-être George Sand a-t-elle cédé plus souvent qu’elle ne croit au désir de faire des personnages de ses romans les apôtres de la foi nouvelle qu’on lui avait révélée la veille et qui pour quelques mois devait lui emplir l’âme tout entière. Mais ce n’est point parce qu’elle le voulait qu’elle transformait ainsi ses héros en prédicants et en professeurs de science politique et sociale, c’est parce qu’elle était impuissante à n’épancher point son cœur et son esprit dans le livre qu’elle écrivait. Elle ne savait pas ne pas parler dans le roman auquel elle travaillait des choses dont elle causait, une heure auparavant, avec ses amis ; elle ne pouvait choisir entre les idées qu’on venait d’agiter autour d’elle, opérer entre elles un triage nécessaire, laisser de côté celles qui n’avaient que faire en son livre. Elle était trop abandonnée à ses impressions, elle ré-