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de ces types où il unissait et fondait avec une inoubliable puissance les traits épars en des centaines de caractères individuels.

Seulement, ces images qui se jouent dans sa fantaisie ne sont point toutes empruntées à la nature ; elles ne sont point toutes les traces qu’ont laissées en sa mémoire le caractère et la vie des hommes et des femmes qu’elle a connus ; elle en a puisé bon nombre dans ses lectures, et, celles-là, elle ne les distingue point des autres. Elles vivent en son esprit côte à côte, quelle que soit leur origine, et se combinent entre elles au hasard. Aussi dans un même roman se coudoie-t-il des personnages avec qui il semble qu’on ait causé la veille au coin d’un champ ou bien en un salon, et des êtres de raison qui n’ont jamais existé que dans l’âme enthousiaste des poètes, le forçat philosophe et philanthrope, par exemple, le prêtre maudit, dévoré par le désir de la chair et la terreur de