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valeur de la forme que mon livre a prise, et je changerais tout s’il me fallait changer quelque chose. » (Hist. de ma vie, IV, p. 144.)

Une imagination capricieuse et libre, une imagination romanesque, c’est essentiellement une imagination passive, une imagination qui est gouvernée du dehors et n’a point sur elle-même de pouvoir. Ce qui fait illusion parfois, c’est que ses créations ne ressemblent guère de coutume à la réalité ; mais y a-t-il rien qui ressemble moins au monde où nous vivons que nos rêves ? Y a-t-il rien qui soit moins gouverné par notre pensée abstraite et raisonnante ? Telle fut l’imagination de George Sand, passionnée et rêveuse, fantaisiste et ailée, miroir plus fidèle cependant des scènes qui passèrent devant elle, des caractères et des visages, des rues des villes et des sentiers fleuris, que ne le fut jamais l’esprit précis et net de Stendhal ou l’intelligence pénétrante et colorée de Balzac, toujours emplie