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Mais, d’ordinaire, elle se résigne à être elle-même ; elle s’inquiète assez peu de la forme écrite que prendront les images qui vivent en elle : « Quant au style, j’en fais meilleur marché que vous. Le vent joue de ma vieille harpe comme il lui plaît d’en jouer. Il a ses hauts et ses bas, ses grandes notes et ses défaillances ; au fond, ça m’est égal, pourvu que l’émotion vienne. » (Lettre à Flaubert, 1866, Corresp. V, p. 154). Il lui faut bien au reste accepter de composer et d’écrire comme il lui est naturel de le faire : il y a chez elle une étrange impuissance à remanier ce qu’elle a fait, à retoucher les détails d’un roman, à alléger le récit d’épisodes inutiles, à donner plus de puissance ou de couleur à une phrase en modifiant une épithète ou en changeant l’ordre des mots. Elle écrit du premier jet ; la page, une fois écrite, reste telle qu’elle est venue. « L’entrain épuisé, dit-elle, il ne me reste plus la moindre certitude sur la