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respire, sans trop réfléchir à ce qu’elle dira, sans aucun plan fait d’avance, mais ce n’est point qu’elle soit très persuadée qu’il vaille mieux n’avoir pas dès longtemps conçu l’ensemble de son œuvre, n’en avoir pas savamment agencé toutes les parties avant d’en commencer l’exécution. « J’aime ce qui est bien fait, n’importe par quel procédé, écrit-elle en 1865, et pour mon compte je n’en ai pas, ou si j’en ai, c’est sans m’en rendre compte. » (Lettre à E. Périgois, Corresp. V, p. 84.)

Parfois même, elle éprouve comme un remords de ne pas se donner plus de peine, de se laisser aller, comme elle fait, à cette prodigieuse facilité dont elle est douée ; l’écrasant travail auquel se condamne Flaubert lui cause une sorte de honte : « Quand je vois le mal que se donne mon vieux pour faire un roman, lui écrit-elle, ça me décourage de ma facilité et je me dis que je fais de la littérature savetée. » (1867, Corresp. V, p. 209.)