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Cela est très vite fait, grâce à l’habitude que j’ai de voir et, tout de suite après, je jouis de ce que je vois pour mon propre compte. Je le savoure en gourmand, je suis assouvi, je suis heureux. » (Impressions et souvenirs, p. 153.) George Sand se souvenait de tout ce qu’elle avait vu et elle ignorait s’en souvenir ; les multiples et fuyantes images du ciel, des plantes et des eaux qui s’étaient déposées en elle, tandis qu’elle jouissait d’être au bord d’un grand lac paisible sous l’ombre chantante des pins ou dans une douce et verte vallée où les châtaigniers anciens laissaient tomber leurs feuilles, venaient d’elles-mêmes se grouper autour de ces quelques traits plus frappants d’un paysage qu’elle avait volontairement notés dans sa mémoire, et les scènes se reconstituaient sous sa plume, simplifiées et poétisées, sans qu’elle eût jamais à les évoquer tout entières devant ses yeux, ni à les repenser dans leur ensemble. Nul