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l’enchante, sont pour elle une gêne ; elle ne peut se résigner cependant à sacrifier nul détail : elle voudrait faire passer tout entière dans l’esprit du lecteur la joie qu’elle a sentie, et pour cela elle s’efforce de lui montrer tout ce qu’elle-même a vu. Elle ne consent point à le priver d’une vague, d’un rocher, d’un bassin de marbre où se mirent des fleurs ni d’une statue brisée qui rit sous les charmilles. Tout entière au spectacle qui a captivé ses yeux, elle s’oublie elle-même ; elle ne mêle point ses sentiments ni sa pensée à la nature, elle ne l’oblige point à vivre de sa vie ; elle la regarde du dehors et la décrit comme quelque chose d’extérieur à elle, au lieu de se raconter elle-même.

Aussi, malgré la splendeur qui illumine certaines d’entre elles, ses descriptions de l’Italie, de l’Auvergne ou de la Provence ne communiquent-elles point cette même émotion mystérieuse et douce dont sont imprégnées les œuvres