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fiques ou archéologiques ; les couleurs minutieusement rapportées n’apparaissent point aux yeux et la vie s’en va. Le tout pour George Sand n’est point de voir, mais d’être émue ; dès qu’elle a senti en elle cette chaleur intérieure, cette poignante et forte émotion que lui cause presque toujours l’intime et prolongé contact avec la nature, elle ne cherche plus à copier ; elle regarde en son esprit où s’est reflétée la colline, la prairie ou la forêt, et l’impression qu’elle nous communiquera, ce sera celle même que nous aurions éprouvée devant ce paysage et qu’aucun autre n’aurait pu nous faire sentir.

Quand elle eut conquis la maîtrise de son art, elle s’essaya souvent à peindre ces paysages de montagne ou de mer où l’avait fait vivre son goût ardent pour les voyages, mais il arrive parfois alors que le peintre tue en elle le poète. Elle est encombrée de richesses : ces traits trop accusés, trop précis, dont l’éclatante beauté