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George Sand ne sait point seulement, comme Flaubert par exemple, faire voir ce qu’elle décrit, mais aussi le faire sentir et rêver. Sans doute, les tableaux qu’elle peint n’ont pas la sculpturale et lumineuse splendeur des descriptions de Flaubert, mais elle ne décrit point pour décrire, elle pense avec ses personnages les paysages où ils doivent vivre, et elle les imagine fidèlement dans leurs traits généraux, parce qu’elle les a longtemps regardés, sans presque jamais les étudier du reste, ni les analyser, mais surtout parce qu’elle les a longtemps sentis. Aussi ses descriptions sont-elles rarement froides et communiquent-elles l’impression même de la vie, de la vie spontanée et libre. Lorsqu’elle veut expressément dépeindre un pays, faire œuvre d’art, comme un paysagiste devant sa toile, l’inspiration la quitte souvent. Le dessin s’encombre de traits inutiles, la phrase se charge de termes techniques, de détails scienti-