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chanter dans les marronniers en fleurs sous le regard des étoiles.

Pendant les années qui suivirent son mariage, George Sand apprit à regarder avec plus d’attention encore ce pays dont elle sentait depuis sa rêveuse enfance l’enveloppante douceur. Elle a empli ses yeux et sa mémoire des teintes du ciel et des couleurs des bois ou de la terre, du frémissement des feuilles agitées du vent, du miroitement des eaux où s’inclinent les tiges frêles des joncs. Elle a vécu en communion étroite et directe avec cette multiple vie des plantes et des champs ; l’âme même de la terre a passé en elle. Aussi nul peintre n’a-t-il su comme elle communiquer l’émotion spéciale et précise que cause un paysage et le faire revivre en vous tout entier. Seul peut-être, avec elle, Fromentin a possédé ce don merveilleux de voir la nature du dedans et de la raconter, si j’ose dire, en même temps qu’il la dépeint.