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de Nohant, elle le voyait dès lors tel qu’il est en réalité, avec « ses sillons de terre brune et grasse, ses petits chemins ombragés, ses maisonnettes de paysans, entourées de leurs jolis enclos, de leurs berceaux de vigne, de leurs vertes chenevières, ses grands ormeaux ébranchés ; » mais son imagination s’y plaisait d’autant mieux qu’elle pouvait le peupler à sa guise de ces mille visions qui hantent l’esprit des paysans.

Les pasteurs, réunis autour du feu d’ajoncs secs, dans les pâtureaux ou les landes, lui contaient les merveilleuses légendes des bonnes dames qui dansent sous la lumière mystérieuse des nuits d’automne ou qui appellent du fond des marais verdissants les voyageurs attardés. Elle s’attendait parfois à rencontrer au détour d’un chemin la grand bête, dont sonne le pas pesant, sous les longues chevelures emmêlées, qui tombent, étoilées d’argent, des haies de clématites. Puis c’étaient les grandes veillées où