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(Loc. cit., II, p. 251.) Et chaque fois, c’était ainsi. Elle voyait les figures allégoriques qui décoraient la tenture de sa chambre s’en détacher, et les Silènes, les Flores et les Bacchantes danser autour des meubles de fantastiques rondes. Il lui semblait s’envoler jusqu’en Russie et planer silencieusement dans le ciel sombre, guidant l’armée à travers les plaines glacées. Elle s’enchantait aux airs de jadis que de sa voix brisée disait sa grand’mère à son vieux clavecin ; ils l’entraînaient par leur charme mystérieux en ce monde de beaux songes où se plaisait à vivre son esprit d’enfant.

Dès qu’on eut commencé à lui enseigner l’histoire, elle s’y intéressa de passion. C’était pour elle un roman merveilleux, qu’elle rendait plus merveilleux encore par les fictions qu’elle prenait plaisir à y mêler. À onze ans, elle lisait l’Iliade et la Jérusalem délivrée, et cette histoire légendaire des hauts faits des héros lui