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faire part de ma préoccupation à personne, mais j’aurais volontiers pleuré, tant je me sentais triste et privée de ce charmant bois où je n’étais entrée en rêve que pour en être aussitôt dépossédée. » (Histoire de ma vie, II, p. 161.)

Mais c’est surtout à Nohant que grandit et se développa l’imagination de George Sand : chaque jour elle devenait plus précise et à la fois plus romanesque, plus inventive, plus riche en brillantes et fugitives fictions. La fillette s’amusait un jour dans la chambre de sa mère avec son frère Hippolyte et sa petite amie Ursule à franchir à gué une rivière qu’elle avait dessinée avec de la craie sur le plancher ; elle devint si bien la dupe de ce voyage imaginaire qu’elle mimait en son jeu, qu’au bout de peu d’instants elle crut voir les arbres, les eaux, les rochers, une vaste campagne et le ciel tantôt clair, tantôt chargé de nuages qui allaient crever et augmenter le danger de passer la rivière.