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l’empereur qui rencontre à une revue ses yeux d’enfant, un air de flageolet entendu dans la douce lumière d’un après-midi de printemps, autant d’images qui pénètrent en elle sans presque qu’elle y songe, et elle ne les oublie plus.

Sa mère lui avait donné un vieil abrégé de mythologie ; elle passait des journées entières à en regarder les planches avec une inépuisable admiration. On la menait parfois à des féeries, on lui contait les contes de Perrault, on lui parlait du Paradis où vont les enfants bien sages, « et les anges et les amours, la bonne Vierge et la bonne fée, les polichinelles et les magiciens, les diablotins de théâtre et les saints de l’Église » se mêlaient dans son esprit en une étrange confusion et devenaient les héros de ces interminables « romans » qu’elle se racontait à elle-même entre les quatre chaises où on avait coutume de l’enfermer. Toutes les images demeuraient en elle, précises et intenses, si inten-