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II


Cette tendresse douce, cette universelle amitié pour toute vie, qui a été l’âme même du génie de George Sand, s’associait chez elle à l’imagination la plus active et la plus féconde qui fut jamais. Tout enfant, elle avait déjà les yeux grand ouverts sur le monde du dehors ; elle s’intéressait à tout ce qu’elle voyait : un beau nuage, une tache de soleil sur le vert plus sombre d’un bois, une eau claire et courante fixaient son attention, la prenaient tout entière. À la marge d’un chemin, elle voit pour la première fois, lors du voyage en Espagne, des liserons en fleurs. « Ces clochettes roses, délicatement rayées de blanc, me frappèrent beaucoup », dit-elle ; elle n’avait alors que quatre ans. Les mameluks qui font boire leurs chevaux sur la place de Madrid, la boule dorée d’un clocher qu’on aperçoit de sa fenêtre, le clair regard de