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des bouteilles qu’on brisait et le refrain aviné d’une chanson grossière ; elle avait pleuré de longs soirs, songeant combien la vie lui eût semblé douce si seulement elle eût aimé l’homme dont il lui fallait habiter la maison. En ces nuits cruelles, elle écoutait résonner dans son cœur l’écho d’un passé tout proche et cependant déjà lointain pour elle, l’écho des paroles de désespoir et de mort qui chantaient en elle leur chant monotone, durant d’autres nuits douloureuses, ces nuits qu’elle avait veillées près du lit de sa grand’mère pendant les longs mois qu’elle mourut lentement ; la jeune fille avait alors rêvé les yeux grand ouverts toutes les visions éclatantes de malédiction et de néant qu’elle a racontées plus tard dans Lélia.

Si la vie qu’elle avait menée au Plessis avait pu se continuer toujours, elle eût oublié peut-être ces heures de doute et de morne tristesse, où elle souffrait de n’être point aimée, mais