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le ciel. Ses camarades d’enfance avaient grandi ; ils ne pouvaient plus la traiter en égale : elle était maintenant une demoiselle, ils étaient restés des paysans. Ses jours et ses nuits se passaient auprès du lit de sa grand’mère, à demi paralysée et qui ne se levait plus qu’à peine ; elle ne dormait plus et, réduite à la société maussade de Deschartres et aux entretiens sceptiques d’un jeune gentilhomme du voisinage, qui lui enseignait l’ostéologie, elle se sentit envahie par une profonde tristesse.

L’étude ne la consolait point ; durant des nuits entières elle lisait Leibniz, mais elle n’avait pas l’esprit métaphysique. « Je suis un être de sentiment, dit-elle, et le sentiment seul tranchait les questions à mon usage. » (Histoire de ma vie, t. III, p. 303.) Il lui manquait, au reste, pour comprendre ce qu’elle lisait, les premières notions des sciences ; elle