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paisiblement aimée par celles qui l’aimaient ; ce qui était pour elle une souffrance véritable, c’était de ne se donner point, d’aimer d’un amour inactif ; elle n’était point lasse de l’apaisement qu’avaient fait en elle ces sereines amitiés, mais elle ne les jugeait pas assez exigeantes.

De là cet ennui, ce découragement vague, cette tristesse qui s’emparaient d’elle à certaines heures ; elle sentait en elle comme un trop-plein de forces dont elle ne trouvait pas l’usage. Et cependant elle ne cherchait pas Dieu ; elle n’avait point le sentiment que le Christ serait pour elle cet ami ardent et doux qui exigerait sa vie entière et que depuis longtemps elle appelait. Un soir vint, un soir d’été, embaumé et tiède, où, dans la chapelle du couvent, la grâce s’approcha d’elle et la conquit tout entière. « J’en fus si reconnaissante, si ravie, dit-elle, qu’un torrent de larmes