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faire pour la première fois son besoin d’aimer. Elle aima bientôt tout le monde dans le couvent, jusqu’à ses maîtresses, mais c’est surtout sur la mère Maria-Alicia que se reporta la tendresse filiale qui lui emplissait l’âme et dont elle n’avait pu jusqu’alors trouver l’emploi.

Ses deux mères l’avaient aimée de passion, et s’étaient jalousement disputé son cœur, sans songer aux tortures qu’elles infligeaient à cette enfant rêveuse et tendre, qui avant toutes choses eût eu besoin de calme, de gaieté, d’une vie libre, ordonnée et souriante. George Sand sentait à cet âge le besoin d’être dirigée sans être opprimée, reprise sans être grondée, aimée sans être adorée ; elle sentira ce même besoin toute sa vie, et elle ne pourra que bien rarement le satisfaire. Cette affection raisonnable et forte où elle aspirait, Maria-Alicia la lui fit goûter, et, cette même amitié tendre, elle la chercha ardemment lorsqu’elle fut rentrée dans le monde, et au tra-