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désir de partager avec les autres tout ce qu’elle possédait, son rêve naïf et tendre de communisme auquel elle n’a jamais vraiment renoncé. Il lui était douloureux de penser que cette terre où murissaient les moissons, ces troupeaux qui paissaient dans les prés étaient à elle et n’étaient point en même temps à ces enfants qu’elle aimait. Les longues et fastidieuses conversations du brave Deschartres, qui s’employait consciencieusement à l’initier à tous les secrets du métier du propriétaire, alors qu’elle avait douze ans à peine, n’eurent d’autre résultat que de la confirmer dans le dégoût de la possession de la terre, où elle ne vit jamais qu’une charge et qu’un ennui. Ce désir de vie fraternelle, ce souhait passionné que tous participent également à la jouissance de la terre, bien commun des hommes, ne l’a jamais quittée ; c’est l’âme vivante de tous ces systèmes dont elle s’est faite tour à tour la fervente adepte et l’interprète éloquente.