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en dépit de son bon et franc cœur, qu’Aurore Dupin pouvait trouver la satisfaction de cet appétit d’être aimée, qui la possédait toute. Aussi se laissait-elle alors fréquemment entraîner à une hallucination douce qui la ravissait hors du monde réel et la transportait au pays enchanté où vivait Corambé.

Cet amour idéal cependant ne lui suffisait pas, il fallait à l’inépuisable tendresse qui était en elle un objet plus réel : elle se prit à aimer de toute la force de son cœur le petit monde d’enfants qui s’agitait autour d’elle, enfants de métayers ou de fermiers, pasteurs de vaches, de porcs ou de moutons. Ce furent eux qui lui enseignèrent à être gaie, à rire, à jouer, à prendre intérêt à autre chose qu’à des rêves. « J’aimais, dit-elle, la solitude de passion, j’aimais la société des autres enfants avec une passion égale. » (Hist. de ma vie, t. III. p. 30.) C’est de cette époque que date son