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cette éternelle révoltée. Elle n’a jamais varié dans le jugement qu’à ce point de vue elle portait sur elle-même, et, au moment le plus troublé de sa vie, elle était contrainte d’avouer que, si elle avait pris le mariage en aversion et en dégoût, c’était seulement parce qu’elle était mariée à un homme qui ne l’avait jamais tendrement aimée, et qui surtout ne semblait avoir ni grand besoin ni grand souci de sa tendresse. « Ô mon Dieu ! s’écrie-t-elle dans une lettre à J. Néraud, que ces chaînes eussent été douces, si un cœur semblable au mien les eût acceptées. » (Lettres d’un voyageur, p. 266.)

Ce dont elle était incapable, c’était d’obéir à qui ne l’aimait point ; en dépit du culte religieux qu’elle professait pour le devoir, qu’elle appelle le « maître des maîtres, le vrai Zeus des temps modernes » (Corresp. VI, p. 333), elle n’a su à aucune époque de sa vie se plier à une règle abstraite. Elle a toujours été despo-