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bien m’aimer malgré le manque d’éclat de ma vie et de mon esprit ne se plaignent pas de moi. » (Lettre à L. Ulbach, Corresp. t. V, p. 333.)

La tendresse, c’était là tout ce qu’elle pouvait donner, et c’était là aussi tout ce qu’elle demandait des autres. Les grandes douleurs qui à certaines heures sont venues la frapper, les déchirements où s’abîmait son cœur n’ont eu souvent d’autre cause que la méprise de ceux qui lui ont cru des passions qu’elle n’avait pas et qui parfois ont réussi à la convaincre qu’elle était « dévorée » d’ardeurs qu’elle n’avait point senties. Rien n’est pire que les passions artificielles ; elles font aussi cruellement souffrir que celles qui habitent au plus intime de nous-mêmes, et elles n’apportent avec elles que des joies fugitives et légères, qu’on goûte à peine et qu’on oublie sitôt enfuies.

Autant elle avait besoin parfois d’une sorte de