Page:Marillier - La Sensibilité et l’Imagination chez George Sand, 1896.djvu/17

Cette page a été validée par deux contributeurs.

des insectes et des eaux, et ces voix George Sand ne se lassait point de les écouter. Jamais cependant on ne sent en cette solitude profonde l’impression douloureuse d’être seul, cette angoisse délicieuse qui étreint le cœur dans les forêts, où, comme en un temple inviolé, Dieu seul est présent ; c’est que l’homme que l’on ne voit point est là tout près. Une charrue oubliée au détour du chemin, l’eau qui chante sous les vannes, un pont fait d’un saule jeté en travers du ruisseau, un chien qui passe affairé sur la lande, un cheval qui broute, les entraves aux pieds, tout rappelle à toute heure le maître absent qui va à l’instant revenir.

Tout ce pays du Berry est un pays fait pour l’homme et que l’homme à son tour a comme créé une seconde fois ; la terre n’a point résisté là à ses efforts, mais c’est par lui qu’elle est verdoyante et féconde. Entre elle et ceux qui la cultivent, c’est une intime union, un in-